J'occupe un poste de direction dans une entreprise installée dans un immeuble d'avant-garde. Alluminium brossé, domotique, oeuvres d'art abstrait. Tout est parfait, lisse, exemplaire. Et tout ce dont j'ai besoin pour exercer ma fonction arrive dans mon bureau par des circuits très organisés et qui m'échappent totalement.
Un jour, faille: je n'ai plus de papier, la secrétaire est en vacances, le commis est malade et je décide, innocente, de trouver seule le chemin de la cave où je suppose, sont rangées les rames de papier.
Je descend l'ecalier, je passe une première porte. Tiens, il me semble que la lumière a changé. Ou la couleur des murs? Non c'est plutôt leur surface je crois. Moins lisse. Oui, il y a des crevasses. Je passe une autre porte. On dirait qu'il y a du brouillard dans le couloir. Et j'entends un bruit que je ne parviens pas à définir. J'avance encore. Mais où suis-je maintenant? J'ai l'impression d'avoir croisé d'autres corridors, d'être dans un labyrinthe. Il fait de plus en plus sombre et j'ai peur. Pourtant, je continue, aimantée par la lueur que j'entrevois au bout du couloir qui maintenant, me semble plutôt être un tunnel. Le bruit se précise: un tambour sourd, non, un coeur immense plutôt. La lumière devient intense. Le battement s'accompagne d'un autre bruit, énorme et inconnu. Mon ombre danse derrière moi et parfois à côté, sur le mur. La lumière et le bruit viennent de gauche, je tourne... et j'arrive dans une grotte immense au milieu de laquelle, étallé sur un trésor des mille et une nuits, me regarde fixement, droit dans les yeux, jusqu'à l'âme, le plus grand, le plus impressionnant, le plus énigmatique des dragons que j'aie jamais rencontré.
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